lundi 17 décembre 2018

Parution de l'article ECRITURE ET NUMERIQUE : POURQUOI ET COMMENT PARLER DE LITTERACIE NUMERIQUE ?

L'article coécrit avec Bertrand Daunay pour la revue Recherches (revue de didactique du français) est paru.

Référence:
DAUNAY B. et FLUCKIGER C. (2018), Ecriture et numérique : pourquoi et comment parler de littéracie numérique ?, Recherches, n°69, p. 71-86

Lien vers le site de la revue: http://www.revue-recherches.fr/

Introduction de l'article:

Il est plusieurs manières de parler du numérique et de ses usages par les jeunes. La première – la plus courante – consiste à raconter n’importe quoi. C’est le cas de certains discours (publics, médiatiques, mais aussi scientifiques) qui s’appuient sur la métaphore populaire des digital natives¸ dont l’origine se trouve dans un article de 2001 du journaliste Marc Prensky. La popularité de cet article est telle que, selon le site Google Scholar, au moment où nous écrivons ce texte, il a été cité plus de 20 000 fois dans des écrits (surtout académiques) recensés par ce moteur de recherche[1]. Que l’article de Prensky soit un article d’opinion, ne contenant strictement aucune donnée empirique, devrait déjà conduire à invalider le recours aveugle à des catégories de pensée toutes faites (les natifs numériques vs les immigrants). Mais surtout, que cet article déjà ancien (2001) ait été écrit avant la diffusion des outils les plus courants (Google n’a été inventé qu’en 1998, Wikipedia en 2001, Firefox et Facebook en 2004, Youtube en 2005 et Twitter en 2006) devrait alerter sur la validité d’une notion qui ne peut à l’évidence pas rendre compte des usages actuels des jeunes, qui seraient de fait eux aussi des « immigrés » dans un monde numérique nouveau.

jeudi 6 décembre 2018

Parution de "INNOVATION TECHNOLOGIQUE, INNOVATION PÉDAGOGIQUE ÉCLAIRAGE DE RECHERCHES EMPIRIQUES EN SCIENCES DE L’ÉDUCATION"

Parution de l'article de présentation du numéro 63 de la revue Spirale, coordonné par François-Xavier Bernard et Cédric Fluckiger

Le texte intégral de l'article: http://spirale-edu-revue.fr/spip.php?article1379

Extrait de l'article: Les discours institutionnels sur « le numérique » dans l’éducation attribuent le plus souvent deux types de visées à son développement. D’une part il s’agirait de « faire entrer l’École dans l’ère du numérique » [1], d’autre part « le numérique » serait un moyen et une opportunité de refonder l’école ou l’université : « La transformation sociale par le numérique est un levier de la refondation de l’École » [2]. Dans un contexte tel que celui du Québec, Raby et al. rapportent dans ce numéro des préoccupations et implicites similaires, l’implantation massive de tableaux numériques interactifs (TNI) depuis 2011 visant, selon ces auteurs, à « moderniser l’enseignement, grâce à cette nouvelle technologie, en le rendant plus interactif ».
Cette idée relève d’une part d’un profond déterminisme technologique qui fait écho aux discours qui accompagnent l’introduction de toute nouvelle technologie en éducation (Baron, 2014). Elle relève sans doute également en partie du rapport « magique » aux objets techniques (Rinaudo, 2011) et de l’imaginaire « utopique » et novateur associé à Internet (Flichy, 2001).
Face aux discours de ceux que Dieuzeide qualifiait de « marchands » et de « prophètes », des chercheurs comme Glickmann, Linard ou Jacquinot, ont opposé une longue tradition de travaux s’inscrivant dans une filiation plus ou moins directe avec les approches critiques de la technique (Habermas, 1984) et s’inscrivant majoritairement dans un paradigme anthropocentré distinguant, dans des termes théoriques variés, phénomènes de diffusion et d’appropriation des technologies. Cette perspective de recherche a conduit à un large consensus autour de l’idée que l’innovation technologique n’entraîne pas nécessairement l’innovation pédagogique (Tricot, 2017).