vendredi 29 septembre 2017

Soutenance de mon HDR le 22 septembre 2017

Vendredi 22 septembre, j'ai soutenu mon HDR à l'Université Lille 3, présentée sous le suivi scientifique de Bertrand DAUNAY et d'Eric BRUILLARD., intitulée

"Une approche didactique de l'informatique scolaire"

Jury:
Pr. Georges-Louis BARON, Université Paris-Descartes, laboratoire EDA
Pr. Anne BARRÈRE, Université Paris-Descartes, laboratoire CERLIS
Pr. Eric BRUILLARD, ENS de Cachan, UMR STEF
Pr. Bertrand DAUNAY, Université de Lille, laboratoire CIREL (garant de la candidature)
Pr. Francia LEUTENEGGER, Université de Genève FPSE, Equipe GREDIC
Pr. Gérard SENSEVY, Université de Bretagne Occidentale, laboratoire CREAD

Extrait:



Il y a 15 ans, Baron et Bruillard (2001) donnaient comme titre à leur article dans la Revue Française de Pédagogie la question clairement programmatique « Une didactique de l’informatique ? ». Le point d’interrogation final signale que l’entreprise rencontre quelques difficultés, qui ne me semblent pas sans intérêt pour les autres didactiques et pour la didactique comparée.

Pour Brousseau, « la didactique des mathématiques est la science des conditions spécifiques de la diffusion des connaissances mathématiques » (Brousseau, 1994, p.1). Il y a là une forme d’évidence : pour lui, les contenus de la matière mathématiques sont les contenus mathématiques et réciproquement. Or cette bijection entre discipline d’enseignement et discipline savante peut être questionnée. En premier lieu parce que les didacticiens doivent de longue date composer avec les matières composites (français, histoire-géographie, SVT[1]…) qui renvoient à des disciplines savantes ou champs de pratiques variés et parfois multiples. Ensuite parce que les contenus d’enseignement ne sont pas toujours assignés de manière nette ou stable aux disciplines scolaires : comme le remarque Astolfi (2008), aucune matière scolaire n’a le monopole de contenus d’enseignement. Mais encore, les travaux de Douady (1983) sur la dialectique qui unit les objets et les outils de l’apprentissage laissent penser que non seulement des contenus mathématiques ou français peuvent exister dans d’autres matières, mais que les contenus des uns peuvent également devenir des outils dans d’autres, etc. Il y a donc tout lieu de penser que l’identification des contenus pertinents pour le didacticien ne va pas de soi et qu’un didacticien des mathématiques peut questionner ce qu’est, pour lui, une « connaissance mathématique ».

Si la difficulté n’est donc pas nouvelle, les mouvements actuels de recomposition des disciplines (Lebrun et Tutiaux-Guillon, 2016), la multiplication des éducations à… et des dispositifs « trans », « non », « inter » ou « a » disciplinaires (Cauterman et Daunay, 2010 ; Barrère, 2013a, 2013b) amplifient ce mouvement et posent de manière encore plus pressante la question de ce qui délimite les contenus qu’un didacticien peut juger pertinents pour être construits comme des objets de recherche de sa didactique : « les évolutions curriculaires actuelles et les enjeux de formation afférents, aussi bien que les nouveaux objets et dispositifs qui apparaissent dans l’arène scolaire, renouvellent les questions posées aux didacticiens » (Marlot et Chabanne, 2016, p. 10).

C’est bien le cas de l’informatique scolaire, pour laquelle il n’existe pas de matière scolaire autonome (Baron, 1987 ; Drot-Delange, 2012a). Les dénominations successives ou concurrentes des contenus à enseigner (informatique, TIC[2], ISN[3], B2i[4], culture numérique, LE numérique…) rendent raison de la possibilité d’une identification simple, sur un mode tautologique, de ces contenus. Les contenus informatiques à l’école ne se limitent pas à ce qu’un informaticien identifierait comme relevant de sa discipline. C’est sans doute en partie en raison de cette difficulté à identifier et délimiter ces contenus qu’il est souvent question dans les recherches, « d’activités », numériques ou informatiques, comme nous le discuterons plus loin. Cependant, cette difficulté n’est pas propre à l’informatique et nous verrons la grande diversité des manières de dénommer et délimiter les didactiques.


[1] Sciences de la Vie et de la Terre
[2] Technologies de l’Information et de la Communication
[3] Informatique et Sciences du numérique
[4] Brevet Informatique et Internet