jeudi 28 juin 2018

Parution dans la revue Distance et Médiation des Savoirs (DMS): La forme universitaire comme analyseur des « effets » de la technologie : perspective critique


Texte intégral: https://journals.openedition.org/dms/2329

Extrait:
Le texte de Daniel Peraya (2018) qui introduit ce débat pose la question : « les technologies peuvent-elles modifier la forme universitaire ? ». Chaque enseignant, pour peu qu’il ait quelque ancienneté, voit bien que « quelque chose » a changé. Quand il entre dans un amphi ou une salle de cours, quelle que soit la discipline, une majorité des étudiants prend des notes sur leur ordinateur ; il reçoit des courriels d’étudiants ; se connecte à un ENT ; certains travaux sont rendus sous forme électronique ; les étudiants ont très vraisemblablement créé un groupe Facebook au sein duquel ils échangent des informations sur les rendus de travaux, les absences, etc.

Mais qualifier ou quantifier ce « quelque chose » qui a changé n’est pas aisé. Car enfin, même instrumentés par un vidéoprojecteur (pour l’enseignant) ou par un traitement de texte (pour l’étudiant qui prend des notes), même si les réseaux sociaux étendent les possibilités d’échanges entre étudiants, la forme même de bien des cours a finalement bien peu changé depuis l’invention de l’institution universitaire : les professeurs continuent à « professer » bien plus qu’ils ne le voudraient - ou devraient. Même des dispositifs technico-pédagogiques nouveaux, comme les MOOC, prennent parfois (souvent ?) une forme pédagogique extrêmement transmissive, comme le rappelle le texte : les MOOC « dans leur très grande majorité, ont sclérosé et renforcé dans une forme médiatique normalisée une conception transmissive, instructionniste de l’enseignement universitaire » (Peraya, 2018).

Faut-il s'en étonner?

C’est ce que propose de discuter ce texte de contribution au débat initié par Daniel Peraya, en insistant d’abord sur les raisons mêmes de ce débat avant de discuter de la manière dont nous pouvons ne pas le laisser se refermer sur des questions stériles scientifiquement (comme la question de l’efficacité, voir Chaptal, 2003) et avant de conclure sur les perspectives de recherches qu’il peut contribuer à ouvrir.

La technologie a-t-elle des effet?

C’est un lieu commun pour les chercheurs du champ, mais il faut le redire avec force : il n’y a aucun déterminisme. L’article de Daniel Peraya souligne à juste titre « les limites du point de vue techno-déterministe » (Peraya, 2018). Allons plus loin : il n’y a aucune attestation empirique pas plus que de nécessité logique à ce que l’innovation technologique entraine une innovation pédagogique. En conséquence, il n’y a rien d’étonnant, comme le note Peraya dans son texte introductif, à ce que les recherches « révèlent l’homéostasie du système scolaire et la résistance de la forme scolaire ».

Il faut le redire avec force car le paradigme déterministe, bien que maintes fois démenti continue, envers et contre tous nos résultats de recherche, de constituer le cadre de pensée des décideurs, des marchands et des discours médiatiques.

La suite de l'article sur le site de la revue DMS: https://journals.openedition.org/dms/2329